Créer un compte sur TikTok, c’est bien, mais à quelle fin ? Comment exploiter au mieux ce réseau social, principalement dédié aux divertissements, en tant que titre d’information ? L’enquête de l’Institut de recherche Reuters sur le sujet, menée auprès des médias de 44 pays, apporte quelques éléments de réponses.
Selon ce rapport, les raisons qui amènent les rédactions sur ce réseau social sont de toucher un public plus large (et surtout plus jeune), mais aussi de combattre la désinformation en testant de nouveaux formats. C’est le cas du Washington Post, qui a décidé d’axer sa chaîne (1,5 million d’abonnés) sur le fact-checking. « Nous nous efforçons d’être une figure d’autorité sur la plateforme en aidant les utilisateurs à distinguer le vrai du faux », explique le journaliste Dave Jorgenson, vedette de la chaîne TikTok du journal.
L’une des stratégies pour produire des vidéos sur cette plateforme, et adoptée ici par le Washington Post, consiste à confier la gestion du compte à un seul et même journaliste, qui représente la marque du média.
Pour le Reuters Institute, la démarche basée sur un seul créateur permet d’offrir aux utilisateurs un contenu authentique. Mais elle n’est pas non plus sans risques : si la popularité du journaliste-vedette venait à baisser auprès du public, ou si celui-ci venait à quitter le média pour un concurrent, c’est la marque dans son ensemble qui se retrouverait impacté.
Certaines rédactions préfèrent ainsi ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier, comptant plutôt sur une équipe dédiée. Cette approche est suivie par les médias disposant des moyens humains et financiers suffisants pour le faire. C’est plus spécifiquement une approche adoptée par les médias audiovisuels.
Journalistes et Tiktokeurs, une alliance d’avenir ?
Autre type d’utilisation de TikTok, un média peut aussi repartager les contenus que ses journalistes et/ou correspondants produisent sur leur propre compte. Citons, par exemple, le journaliste de CNN Max Foster, qui a décidé de réaliser des vidéos en son nom dans l’objectif d’informer de manière simple « à la fois sans présumer des connaissances de ses auditeurs, mais aussi en simplifiant sans abrutir ».
Que la production des publications soit le fait d’un journaliste en particulier ou de toute une rédaction, l’important reste de proposer un contenu vidéo bref, compréhensible et engageant.
De même, d’après le Reuters Institute, il pourrait également être opportun que les rédactions collaborent directement avec des « Tiktokeurs ». Un partenariat gagnant pour les deux parties, puisque les médias profiteraient de la créativité et des compétences de ces producteurs de contenu.
De leur côté, ces derniers bénéficieraient de la crédibilité et des moyens d’un média pour réaliser leurs vidéos. Une telle collaboration apparaît en tout cas intéressante pour les journalistes de la radio ou de l’écrit, rarement formés à la création de vidéos destinées au Web, ou à l’exercice du face caméra.
A (re)lire : notre précédent article concernant TikTok, « TikTok, “the new place to be” pour les journalistes ? »
Sources :
« Sur TikTok, les médias tentent de préserver les jeunes de la désinformation en explorant de nouveaux formats », par Victor Lepoutre, Direction de l’Innovation dans Méta-Média.
« Les 5 points à retenir du dernier rapport du Reuters Institute sur TikTok », par Laurie Chappatte dans l’Observatoire européen du journalisme – EJO
« How publishers are learning to create and distribute news on TikTik » – Reuters Institute.