“Faire du clic”, en multipliant les publications – et les accroches qui retiennent l’attention et “poussent au clic”. Est-ce bien là la recette pour une info de qualité et pour la pérennité d’un média, pour la fidélisation des lecteurs? La réponse qui vient d’emblée à l’esprit est… non.
Mais les impératifs commerciaux sont tels que la pratique a pris des proportions nouvelles. D’autant plus, comme le souligne cet article de Vice, que « les logiciels de calcul d’audience et de performance ont peu à peu gagné du terrain dans les rédactions, au point de largement empiéter sur le travail des journalistes ».
Que veut dire et qu’implique réellement le “succès” d’un article, de l’“article le plus lu” ? Se pose-t-on suffisamment la question en tant que journaliste – par comparaison ou par opposition à la perception qu’en a un rédac’ chef ou un éditeur?
« Ça crée du stress d’être gouverné par les chiffres et surtout d’être félicité par les rédacteurs en chef seulement quand ça marche, d’être reconnu quand Google est content »
Chiffre interpelant cité dans l’article: « Alors qu’un journaliste de titre papier passe au moins une journée en moyenne à la rédaction d’un article, un journaliste web y consacre en moyenne 30 minutes. »
Le “productivisme” équivaut à un travail à la chaîne, fonction copier-coller en plus. Non seulement les journalistes sont dévalorisés, exploités, mais seront sans doute bientôt remplacés, dans ce rôle basique par… des robots. Valeur, spécialisation, expertise, éclairage… Autant de victimes de cette pratique mais aussi, sans doute, seules possibilités de sauver la profession.